A. Queues anciennes d'appellation contrôlée

L'identification de queues de billard anciennes est généralement difficile. En effet, la plupart d'entre elles n'ont jamais porté d'inscriptions ou les ont perdues lors de leur utilisation ou d'une réparation. En outre leurs modèles sont parfois très semblables.

Les queues qui posent le moins de problèmes sont celles qui sont estampillées (*) ou pour lesquelles il existe des documents (catalogues, réclames, articles de journaux...).

En voici quelques unes:

La ROYALE, La VICTORIEUSE, La TECHNIQUE, La St. MICHEL, L'UNIVERSELLE, La MONARCH, La GALLIA, La REFORM et La St. MARTIN.

La plupart d'entre elles ont été créées au début des années 1900 (les dates sont données entre crochets) et certaines, comme La VICTORIEUSE et La St. MICHEL, ont été fabriquées pendant plus de 50 ans.

1. La ROYALE [1906].

Cette queue se caractérise par un fût en deux parties court (56 cm) et une flèche longue (83 cm).
Le poids des deux peut être modifié en utilisant un jeu de boulons hexagonaux.

En voici quelques uns dont le poids décroît de 40 à 10 g.

Le fût est pourvu de joints en métal, d'un grip en fil textile et d'un logo. La flèche, avec vis en métal, est signée ADORJAN.
Ci-dessous le logo de 'La Royale', brevetée en 1906, et la publicité parue dans le journal belge 'Le Billard Amateur' n° 22 de janvier 1908.

Logo.......Publicité

Traduction d'un extrait de l'introduction du livre intitulé 'Todos los SECRETOS del BILLAR' écrit par Julio Adorjan et paru en 1919.

'L'auteur a monté à Bruxelles une fabrique d'accessoires de billard, en particulier une queue de son invention, appelée La Royale, brevetée et récompensée d'une médaille d'or à l'Exposition de Bruxelles, queue qu'utilisent aujourd'hui la majorité des professionnels et beaucoup d'amateurs, et qui s'est avantageusement substituée à la fameuse Hiolle.'

Pour d'autres modèles de La ROYALE, voir Sections J. 3 et G. a.
Cette queue est mentionnée dans le catalogue
GOBIN Frères, Manufacture de billes de billard, Bagnolet, France, 1912.

2. La VICTORIEUSE [ca 1920].

Phrases extraites des pages 21 et 22 du livre '3 BILLES aux reflets tricolores' écrit par André Heurtebise en 1984.

'… La queue à poids variable, dont le talon divisé en plusieurs parties permettant l'interposition de rondelles de plastique ou d'acier, suivant l'alourdissement ou l'allégement souhaités, encore très répandue de nos jours, a fait fureur durant de longues années…'
'… Revenant aux différents modèles à poids variables, il est amusant de rappeler que l'un d'entre eux fabriqué par une grande et ancienne maison française, s'appelle La Victorieuse, nom de baptême magnifique et engageant s'il en est ; idée publicitaire étonnante à l'époque où elle fut divulguée, puisqu'elle fait penser que l'instrument possède le pouvoir magique de faire triompher celui qui l'utilise, alors que l'origine de son nom vient justement de l'homme qui en inventa le principe et le réalisa dans les années 1920 : Louis Victoire...'.

Victorieuse

La réclame est issue de la page 15 du journal français 'Le Billard Sportif' n° 16 de 1923 et la photo de fûts de queue de billard, du catalogue Hénin Aîné de 1925.
Voici deux La Victorieuse à quatre pointes et sculptées, très anciennes, signées et fabriquées par Hénin Aîné, Paris:

La Victorieuse

et

La Victorieuse

Talon

3. La TECHNIQUE [1924].

Reproduction d'un écho de la page 4 du journal français 'Le Billard Sportif' n° 27 de 1924.
Picture
Picture' Une nouvelle queue de billard.
Tout nouveau… tout beau ! Peut-être ! En tout cas, l'apparition de la queue Laprévote a fait sensation chez nos as. Derbier et Faroux ne jurent plus que par elle, et Grange fait comme eux. Seul Conti reste fidèle à la queue classique. Cette queue de billard, dont le modèle est déposé, est caractérisée par un effilage spécial qui, tout en conservant sa rigidité, la rend très maniable et, comme dit l'autre, 'propice au carambolage'. C'est avec elle que Derbier a battu le record de la série en match, au cours de la dernière épreuve du Championnat de France.'
Les réclames proviennent du même journal et de la page 12 du 'Le Billard Sportif Illustré' n° 1 de janvier 1926. Vous remarquez que le nom de baptême La Technique a été ajouté dans cette dernière. S.G.D.G. signifie Sans Garantie Du Gouvernement. Ces inscriptions sont gravées à l'avant du fût mais sont souvent peu lisibles. Les numéros de brevets français et belge sont respectivement 594.111 et 324.316.



La Technique

 

Le talon de la queue est garni de trois billes de billard dont une rouge et d'un logo. Ce dernier est composé des lettres LL entourées de deux ailes (on le retrouve également gravé sur la flèche).

.................

Ci-dessous une 'La Technique' signée dont la face opposée au logo porte une décalcomanie allemande (Billard Braun, Saarbrücken).


4. La St. MICHEL [avant 1940].

Cette queue de forme 'bouteille' était l'un des fleurons de la firme belge Van Laere, de renom, fondée en 1906 et ayant cessé ses activités en 1990.
La marque St. Michel déposée est gravée sur le fût et la flèche.

St-Michel......St-Michel déposée

L'évolution de la décoration de la St. MICHEL est décrite à la Section F. d.

5. L' UNIVERSELLE [avant 1907].

L'Universelle a été créée par Dorfelder à Mayence (Allemagne). Le poids de cette queue en 3 parties est variable. Un ou plusieurs tubes d'aluminium remplis de plomb peuvent en effet être logés dans son fût. En voici trois spécimens à 4 pointes

L'Universelle

ainsi qu'un dessin explicatif extrait du journal allemand 'Das Billard' de février 1907.

Ceux-ci ont probablement été fabriqués par Hiolle. En effet, une décalcomanie Hiolle (**) a déjà été observée sur un autre exemplaire du premier et du deuxième fût. En ce qui concerne le troisième fût, le motif floral de ses pointes foncées est le même que celui d'une autre queue Hiolle de la collection. Notons que le catalogue français Gobin Frères de 1912 renseigne un nouveau modèle breveté 'Universelle' avec régulateur de poids de fabrication Hiolle.

6. La MONARCH [avant 1940].

Cette queue à poids et équilibre variables, signée Monarch (voir Section L), a été créée et fabriquée par Brunswick (France).

Monarch

Elle est en 4 parties.

Monarch

Son fût contient 2 cavités, l'une située à l'arrière et l'autre à l'avant, dans lesquelles des cylindres en bois ou en métal de différents poids peuvent être insérés. Sa flèche est pourvue d'une bague. Lors de la fermeture de la compagnie Brunswick, Proust (France) continua la construction de la Monarch,

(extrait d'un vieux catalogue Proust)

dont voici probablement un exemplaire non signé.

Monarch

Remarquons qu'il existe un modèle similaire pourvu d'une décalcomanie Castor (voir Section L) et d'un pare-chocs en caoutchouc signé 'Queue Brunswick'.

7. La GALLIA [ca 1900].

La Société française de matériel et d'accessoires de billard, établie à Clichy (Seine, France), fabriquait plus de 320.000 Gallia (Marque déposée) par an au début des années 1900. Cette queue avait un abattage (biseau) et quatre pointes et était vendue par la Maison française de la Compagnie Brunswick-Balke-Collender de Paris


en une ou deux pièces et différents poids, diamètres de virole et degrés d'ornementation.
Voici son modèle type et une de ses versions sculptées.



L'abattage

est situé à l'opposé de la décalcomanie rouge.

8. La REFORM [entre 1884 et 1913].

Cette queue

La Reform

contient un système de répartition de poids constitué d'une tige filetée métallique sur laquelle des écrous et des manchons peuvent être facilement fixés.

Ci-dessous une autre vue (sans manchon) ainsi qu'un extrait de la réclame Schröder & Kartzke du journal allemand 'Billard-Welt' n° 1, 1913, p. 25

....... .

où DRGM est mis pour Deutches Reich Gebrauchsmuster.
Elle est la queue n° 267

du catalogue Schröder & Kartzke de la Section F Listes, divers.

9. La St. MARTIN [1900 ou avant].

Ci-dessous une annonce de la succursale munichoise de la Maison de billards St. Martin-Palisson de Paris,

parue en 1900 dans le journal allemand 'Internationale Billard-Zeitung' n° 3 page 22. Celle-ci mentionne déjà la queue St. Martin et l'extrémité en caoutchouc de son talon.
Voici son modèle.


Il est en deux parties. Le fût est à quatre pointes et signé St. MARTIN PARIS PATENT (Patent signifie brevet en allemand). Son pare-chocs en caoutchouc noir porte les inscriptions QUEUE St. MARTIN et QUEUE St. MARTIN PATENT.

..............

La flèche est pourvue d'une vis en bois. La bague (diamètre D = 20 mm), la virole (D = 11,5 mm) et le macaron sont en ivoire. La flèche et la partie avant du fût sont en frêne et le talon (D = 35 mm) est probablement en palissandre clair. La St. MARTIN montrée ci-dessus mesure 140 cm et pèse 450 g.

Les premières queues de la collection qui furent indubitablement identifiées, sont:

1. La ROYALE 2. La VICTORIEUSE 3. La TECHNIQUE 4. La St. MICHEL

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(*) Notons cependant que l'estampille n'est pas nécessairement celle du fabricant, mais peut être celle du vendeur de la queue.
(**) Celle-ci est surmontée de l'inscription 'L'UNIVERSELLE' et montrée dans la Section L.

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