M. Queues de billard monoblocs et marqueterie.

Très peu de queues d'avant 1850 existent encore et peuvent difficilement être identifiées car elles ne sont pas signées ni montrées dans des catalogues. Les signatures n'apparaissent qu'à la fin des années 1800. Pour plus de détails, voir la Section Q. Historique.

Les fabricants des queues de billard à marqueterie présentées ci-dessous n'ont pu être identifiés. Les noms attribués aux queues se rapportent à la période probable de leur fabrication.

1. Première moitié des années 1800.

Voic itrois queues très rares.

a. Une Charles X (*),

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Longueur = 140 cm et poids = 400 g. Sans enture. Pas de plaque triangulaire mais un petit abattage au talon garni d'ivoire (diamètre = 36 mm). L'autre extrémité est très large (diamètre = 17 mm), n'a pas de virole et a probablement été pourvue d'un procédé à l'origine. Marqueterie simple, sur fond de bois clair, de feuilles et de figures géométriques en palissandre et de filets en bois noir.

Cette queue de billard est actuellement la plus ancienne (ca 1825) de la collection.

b. Une Charles X - Louis-Philippe, dont la marqueterie est composée d'une enture à fourche et de deux plaques triangulaires, toutes trois entourées de trois placages.




Comme on peut le voir ci dessous,



la partie arrière du fût de la queue est probablement en loupe d'acajou très rare.


Longueur = 138 cm, poids = 474 g. Diamètre du talon = 36 mm et du procédé (collé sans virole) = 16 mm.

c. Une Louis-Philippe (**). .



Enture à fourche inversée, 2 placages. Talon (diamètre = 35 mm) avec pare-chocs en ivoire partiellement couvert de cuir. L'autre extrémité est pourvue d'un procédé en cuir de 16 mm qui a peut-être été ajouté sans virole. Marqueterie en bois de filet, de feuillage, de fleurs et d'une danseuse. Plaque triangulaire en ivoire signée Bonnet (***) et garnie de 3 placages. La face arrière de la queue ne diffère que par une plaque triangulaire en bois brun. La petite photo montre une vue latérale d'une partie de l'enture avec placages et filet. Longueur = 140 cm et poids = 440 g.

2. Seconde moitié des années 1800.

a. Voici une série de queues de billard Napoléon III (****).

Les longueurs varient de 128 à 138 cm et les poids de 420 à 550 g. Les talons sont biseautés et n'ont pas de pare-chocs. Les procédés sont simples ou doubles et leur diamètre s'élève jusqu'à 15 mm. Les queues 2 à 5 (ci-contre) sont joliment décorées de marqueterie fine et possèdent deux triangles opposés. Les numéros 2, 3 et 5 ont une enture à fourche inversée et les placages et filets montrés et décrits dans la Section C. L'enture des queues 1 et 6 est à 4 pointes. Celle de la queue 4 est remarquable. Elle est constituée de deux entures à fourche avec 2 placages, inversées et côte à côte.
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Quelques motifs de marqueterie sont agrandis ci-dessous: un personnage, des fleurs et des livres.
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De gauche à droite: queues 1 à 6.

Le personnage porte un fusil sous le bras, une gibecière en bandoulière, des guêtres et, comme on pourra le voir plus loin, tient dans sa main un objet.
Les faces arrière des queues 2 à 5 sont les mêmes que celles montrées ci-dessus, à l'exception des triangles qui sont en bois au lieu d'ivoire comme dans le cas de la queue 4

et du second personnage de la queue 3 qui porte un chapeau avec une plume et une épée (de chasse ?). Ci-après, en voici deux photos, l'une grandeur nature, l'autre un agrandissement de la tête, qui permet de mieux apprécier le travail de marqueterie effectué à l'aide de fines lamelles de bois teintés.

Explorateur....Explorateur

Notons qu'une restauration plus avancée de la face avant de la queue 2 devrait comporter autant d’incrustations blanches que la face arrière ci-dessous.

Ci-dessous, deux autres queues entées à fourche inversée dont la marqueterie de bois colorés sur fond sombre est composée de fleurs, de feuillage, de rinceaux, de filets et

d'une cruche,

.

ou d'une femme portant un chapeau

Les filets de cette dernière queue

sont travaillés.

b. Voici une queue avec une enture à 4 pointes,

ornée du même personnage que le premier de la queue 3.



La petite photo montre qu'il tient en main un objet rond brillant qui pourrait être un miroir aux alouettes (= leurre pour ces oiseaux). Ceci amène à penser qu'il est l'aide du second personnage, le chasseur.
Le verso de la queue est décoré de placages en forme de pointe arrondie.

Cette queue, qui est courte (1m30) et n'a ni triangles ni filets, a probablement été utilisée pour jouer à Bagatelle, un jeu dérivé du billard.

c. Finalement, une queue magnifiquement décorée.

Elle est ornée d'une remarquable marqueterie traditionnelle et Boulle (*****) constituée de nombreuses surfaces émaillées multicolores, de 56 pièces de nacre et d'un grand nombre de motifs fins en bronze doré incrustés.

Elle a probablemennt été fabriquée à la fin des années 1800. Ses bois principaux sont le poirier teinté et le frêne. Son enture est constituée de deux entures à fourche avec 6 placages colorés, inversées et côte à côte.

Le talon présente 2 plaques triangulaires opposées, l'une en bois brun et l'autre en ivoire (?). Celles-ci sont entourées de 3 bois de placage. La base du triangle brun est biseautée (voir photo ci-contre). De là la forme particulière du pare-chocs garni de cuir permettant de pousser une bille lorsque ce mode de jeu était encore pratiqué. Découverte en Angleterre, cette queue, d'un poids de 470 g, d'une longueur de 145 cm et pourvue d'un procédé de 10 mm, a probablement été utilisée au Snooker et/ou au billard anglais.

Notons que les queues à marqueterie étaient fabriquées par des ébénistes ou des firmes qui ne signaient pas leur ouvrage.

A voir également

- à la Section C: une autre superbe queue à marqueterie traditionnelle et Boulle, en deux parties.

Ces deux queues sont probablement du même constructeur car elles ont des incrustations de bronze doré en commun, voir ci-dessous le cartouche, encadrement décoratif utilisé à la fin des années 1800, et le dernier motif à droite.



- à la Section J. 1: une 'Queue-masse' très rare, comportant sept entures à quatre pointes consécutives dont en voici deux.

- à la Section J. 5: une queue dont le talon a une forme marquetée particulière, probablement une abeille stylisée.

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(*) Ce style, aussi appelé Style Restauration, se rapporte aux années 1824 à 1830. Il se caractérise notamment par l'emploi de bois clairs (érable, sycomore, citronnier, hêtre, etc...) et par des incrustations de feuillages et de filets de bois de couleurs plus foncées ou plus claires qui contrastent.
.
(**) Ce style des années 1830 à 1848 utilise des bois plus foncés que le précédent, tels que l'acajou, le palissandre rougeâtre et le noyer.

(***) Le livre 'Théorie et règles du jeu de billard' de Teyssèdre (1827) contient une planche gravée par Bonnet.

(****) Parfois appelé Style Second Empire, ce style datant des années 1852 à 1890 utilise des bois foncés (poirier teinté en noir, acajou, palissandre, ébène, etc ...). Il est plus riche que le précédent. Les incrustations sont en bois précieux, en nacre, en ivoire, en métal, en céramique, en émail, etc... Les motifs sont généralement des compositions florales et des filets de marqueterie
.

(*****) André-Charles Boulle fut le principal ébéniste de son époque (1642-1732). Il développa la technique d'incrustation de bronze doré, de laiton, d'écaille de tortue et d'autres matériaux. Appelée marqueterie Boulle, elle passa de mode vers 1800 et a été à nouveau utilisée par de nombreux ébénistes durant la seconde moitié des années 1800 (voir article par Vivian Miessen dans www.fondationdemeuresetchateaux.be).

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